lutte ouvriere
Giat Industries (Saint-Chamond - Loire)
 Rhône-Alpes mis à jour le 28/04/ 

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•• Giat Industries - Saint-Chamond : rien n'est réglé
           Le 16 avril, c'est à environ trois mille que les travailleurs de GIAT Industries des différents sites se sont retrouvés à Paris, dans une chaude ambiance. Le rassemblement a d'abord eu lieu devant l'hôtel où se réunissait le Comité Central d'Entreprise, dans le quartier Montparnasse. L'atmosphère s'est plus que tendue quand les élus politiques, principalement de droite, sont arrivés. Le syndicats ont mis en place un service d'ordre pour protéger ces messieurs-dames des interpellations pas très aimables des travailleurs de GIAT en colère. Le succès de la manifestation montre que le projet de la direction et du gouvernement de supprimer 3 940 emplois sur les 6 350 de l'entreprise, avec la fermeture de trois usines, dont celle de Saint-Chamond, n'est pas passé auprès du personnel.

     La réunion du CCE a été des plus brèves, la direction annonçant dans les trente minutes qu'elle acceptait l'ouverture d'une négociation à partir du 24 avril, sur un accord de méthode. Personne ne sait trop bien ce que cela peut signifier, mais en tout cas les dirigeants syndicaux (CGT, CFDT, FO et CGC) présentèrent immédiatement cette proposition comme une victoire. Une bonne partie des manifestants la perçurent aussi de cette façon, et commentaient : « Au moins, on n'est pas venus pour rien ». Ces mêmes responsables indiquaient qu'à leur avis, la lutte devrait se continuer sous d'autres formes.

     La manifestation se formait alors pour aller jusqu'au Ministère de la défense, en un cortège coloré et bruyant.

     Que peuvent donner des négociations sur un « accord de méthode »? Les quatre fédérations des industries d'armement, celle de la CGT en particulier, se disent fortes d'avoir des propositions sérieuses à faire en matière de fabrications pour l'Armée de terre. Ce n'est probablement pas une position de départ bien avantageuse pour défendre en priorité les intérêts des travailleurs, sans s'occuper des soucis du gouvernement ou de la direction en matière de crédits militaires.

     Les travailleurs, au sortir de la manifestation, semblaient plutôt satisfaits, disant : « C'est rudement bien ce qu'on a fait ». Certains pensaient que cela pouvait leur éviter d'avoir à se lancer dans un mouvement de grève, sur une période qui risquait, à leurs yeux, d'être longue.

     Le matin, à l'usine de Saint-Chamond, un seul des deux piquets se remettait en place et, parmi les présents dans les services, les propos sur les décisions à prendre étaient prudents. Rappelons que, depuis le 7 avril, date d'annonce du projet de la direction, aucune production n'est effectuée, des piquets aux portes filtrent les entrées, des actions ont lieu tous les jours après l'assemblée générale.

     A l'assemblée générale de l'après-midi, tout le personnel était présent, y compris des chefs de service qui s'étaient fait remballer par les piquets les jours précédents. Les responsables des quatre syndicats prenaient la parole, parlant de « pas en avant » et proposant de reprendre le travail normalement. Ils annonçaient ensuite la tenue de forums de discussion dans les ateliers et services dans les jours à venir, puis une journée d'action sur tout le GIAT le 24, date de démarrage des négociations et une manifestation interprofessionnelle à Saint-Chamond pour le 25. Plusieurs travailleurs intervinrent pour souligner l'opportunité d'organiser une manifestation interprofessionnelle en même temps que le CCE et sur les initiatives à prendre tous les jours afin de maintenir la pression. D'autre intervenants protestèrent contre la présence dans l'assemblée d'un maîtrise anti-ouvrière, affirmant qu'il ne serait admis aucune attitude revancharde de la part de cette maîtrise. Il fut aussi proposé l'organisation d'une journée portes ouvertes pour le 24. A toutes ces propositions les responsables répondirent en répétant ce qu'ils avaient dit et, finalement, la quasi-totalité de l'assemblée approuva les propositions syndicales.

      22, après le week-end de Pâques, il n'y avait toujours aucune production qui sortait. A l'atelier NBC, la direction est intervenue à deux reprises avant de pouvoir faire ouvrir la porte, mais cela ne change rien : il n'y a que le chef de service et son adjoint qui prétendent faire quelque chose.

     La manifestation interprofessionnelle annoncée pour le 25 a été annulée : les syndicats préfèrent rencontrer ce jour-là les députés et sénateurs du département. On doute que cette énième entrevue apporte plus que les précédentes. Mais, en tout cas, les travailleurs de GIAT Saint-Chamond expriment clairement que, pour eux, rien n'est réglé.
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