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 Rhône-Alpes mis à jour le 19/06/ 

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Communiqué LO-LCR au soir du 13 juin

     Les listes LO-LCR et LCR-LO remercient les électrices et les électeurs qui leur ont apporté leurs suffrages le 13 juin.
     Ce scrutin est marqué par une abstention importante. Les résultats de ces élections européennes confirment, en l'accentuant, le désaveu que l'électorat populaire a administré à l'UMP. Le parti de Chirac-Raffarin recule encore. C'est l'aspect le plus significatif de ces élections. Une partie de l'électorat populaire s'est emparée de nouveau de l'instrument qui lui paraissait le plus efficace pour cela, en votant massivement pour le Parti socialiste qui recueille un tiers des voix.
     Quant aux résultats des listes LO-LCR ou LCR-LO, ils sont inférieurs à ceux des régionales. Une partie de notre électorat, ou s'est abstenu, ou a cru plus utile d'exprimer son désaveu de la droite en votant pour les listes du Parti socialiste. Ce dernier a pourtant largement montré qu'au pouvoir, sa politique n'est guère différente, sur le fond, de celle de la droite. Il en fera de même dans trois ans s'il revient au gouvernement.
     Au lendemain de ces élections, le gouvernement va poursuivre sa politique de privatisation d'EDF-GDF et de casse de la Sécurité sociale. C'est pourquoi c'est sur le terrain des luttes sociales que le monde du travail doit se rassembler pour résister aux attaques du patronat et du gouvernement. Dans ces combats sociaux, l'extrême gauche aura tout son rôle à jouer.

  Olivier Besancenot - Arlette Laguiller
Elections européennes :
Abstention massive, Chirac-Raffarin désavoués, un PS triomphant

     Avec un taux d'abstention de 57,2 % des inscrits, les élections européennes du 13 juin ont battu les records. Nettement plus de la moitié des électeurs n'ont pas éprouvé le besoin de se déplacer à ce troisième vote en l'espace de trois mois (les premier et deuxième tours des régionales en mars et les européennes en juin, auxquels il faut ajouter, pour certains, les deux tours des cantonales).
     Ceux qui ont voté ont choisi, dans leur très grande majorité, d'infliger un nouveau camouflet à l'UMP, le parti de Chirac-Raffarin-Sarkozy. Les dignitaires de l'UMP ont beau exhiber les résultats de feu le RPR aux européennes de 1999, histoire de montrer qu'ils avaient fait pire qu'aujourd'hui, et donc qu'il y a du progrès, avec 16,63 % des voix, l'UMP vient loin derrière le PS (28,89 %). Et l'UMP n'est pas seulement dépassée de 12 points par le PS, elle est désormais talonnée par l'UDF (11,94 %).
     De surcroît, si de Villiers, variante chic de Le Pen, a dû mordre, pour une large part, sur l'électorat de ce dernier, il a dû également débaucher un certain nombre d'électeurs de l'UMP, sensibles à la musique souverainiste.
     Le PS a donc réussi, comme aux régionales, à capitaliser à son profit le mécontentement suscité par le gouvernement Chirac-Raffarin et par sa politique. Et il peut se targuer d'être redevenu, sur le plan électoral, le plus important parti du pays.
     Il n'est pas facile de comparer les résultats du PS aux régionales et aux européennes. Aux régionales, le PS a dirigé des listes unitaires dans la plupart des cas. Le total des voix des partis de l'ex-Gauche Plurielle avait alors atteint   9 737 789 voix au premier tour des régionales. Il est de 7 362 741 voix aux européennes.
     Par rapport au premier tour calamiteux de la présidentielle, en pourcentage, le PS fait un bond, en passant des 16,18% de Jospin aux 28,89 % des listes socialistes des européennes.
     En nombre de voix cependant, le progrès est bien plus modeste: 4 610 113 voix pour Jospin en , 4 960 067 pour les listes PS aux européennes de .
     Cela signifie que, si le PS est le principal bénéficiaire de ces élections, une partie des électeurs qui, aux régionales, ont voté pour les listes qu'il dominait, se sont abstenus cette fois-ci. L'électorat socialiste s'est, certes, plus mobilisé qu'au premier tour de la présidentielle, mais il n'a pas nécessairement mordu sur l'électorat d'autres partis de gauche.
     Les listes LO-LCR n'ont totalisé que 2,58 % des suffrages exprimés. C'est évidemment très loin des quelque 10 % réalisés par Arlette Laguiller et Olivier Besancenot au premier tour de la présidentielle de . C'est un résultat plus bas que les 5,24 % des européennes de 1999. Il est même en recul par rapport aux régionales de mars (4,58 %).
     Si, avec 432 630 voix, les listes LO-LCR n'ont même pas retrouvé leur électorat des régionales (1 075 883 voix), on peut supposer que ce n'est pas tant qu'une partie de cet électorat a voté cette fois-ci pour le PS, mais plutôt qu'il n'a pas jugé utile de se déplacer une nouvelle fois. C'est moins le "vote utile" que le désintérêt de l'électorat populaire à l'égard du vote, qui a fait le succès du PS.
     Derrière les statistiques, moyennes, il y a des réalités sociales. C'est dans les bureaux de vote des quartiers populaires que l'abstention a été la plus forte, atteignant 70 %, voire plus. L'électorat populaire, dans sa majorité, n'a pas eu envie d'aller voter.
     Dans le contexte actuel, s'abstenir c'était favoriser le PS. C'est son électorat qui s'est fait entendre, non seulement en son propre nom, mais en tant que représentant de tous ceux qui sont hostiles au gouvernement Chirac-Raffarin.
     Les grandes formations de la gauche, PS et PC, en appelant à voter pour Chirac lors du deuxième tour de la présidentielle de , ont contribué à dégrader un peu plus les repères politiques de l'électorat populaire.
     Si l'homme de droite Chirac a pu servir d'instrument pour battre l'homme d'extrême droite Le Pen - qui aurait été de toute façon battu - pourquoi, pour battre la droite gouvernementale, ne pas se servir du PS, quoi qu'on pense par ailleurs de sa politique?
     Les dirigeants du PS peuvent considérer, après les régionales et les européennes, qu'ils sont de nouveau remis en selle.
     Malgré les discours sur le "déficit démocratique", l'abstention ne les gêne pas outre mesure. Une minorité d'électeurs, se partageant en deux camps, votant pour deux partis qui se relaient au pouvoir, sur la base d'une abstention aussi massive que régulière, en menant fondamentalement la même politique dictée par les intérêts du grand patronat, c'est la situation aux États-Unis, ce modèle de démocratie bourgeoise.
     Mais il arrive aux mécanismes les mieux réglés de cette "démocratie institutionnelle" de se dérégler. Cela pourrait bien être le cas si, pendant les trois ans sans élection qui viennent, les classes populaires se sentent révoltées par la montée incessante du chômage et par les attaques cyniques du patronat et du gouvernement. Elles pourraient alors ne pas avoir la patience d'attendre que le PS accède au gouvernement dans les règles, dans trois ans, et puisse trahir, de nouveau, sans avoir à affronter des luttes sociales capables de l'obliger à tenir ses promesses, y compris celles qu'il ne s'était pas risqué à faire.