lutte ouvriere
Toray Plastics Europe (Ain - banlieue de Lyon)
 Rhône-Alpes mis à jour le 06/03/  

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Article paru dans Lutte Ouvrière n°1805 daté du 7 mars

UNE DECLARATION DE GUERRE AUX TRAVAILLEURS

     Comme dans bien des entreprises en ce moment, la direction de l'usine Toray Plastics Europe à Saint-Maurice de Beynost- dans le département de l'Ain - vient d'annoncer le licenciement de 110 salariés sur les 540 embauchés que compte l'usine. L'usine de Saint Maurice, une ancienne usine Rhône Poulenc Films rachetée en 1996 par le groupe japonais Toray, leader mondial sur le marché de la bande magnétique, fabrique entre autres productions du film pour l'emballage ou pour les cassettes vidéo. En 1997, le groupe Toray avait investit près d'un milliard de francs et embauché une centaine d'ouvriers pour agrandir les ateliers du film vidéo.

Aujourd'hui la direction prétend que ce secteur est en difficulté à cause de la concurrence du DVD, que les nouveaux ateliers ne rapportent pas assez et que l'usine dans son ensemble est en déficit. Depuis plusieurs mois, la direction entretenait la menace de suppressions de postes. L'annonce des licenciements à la mi-février n'a donc pas été une véritable surprise. Mais elle a tout de même déclenché la colère d'une bonne partie des ouvriers à la production qui travaillent en 5x8 et dont 36 sont directement concernés par le plan de licenciement (qui touche aussi 64 employés à la journée et 10 cadres).

     Surtout que la direction annonce en même temps que toutes les lignes sont maintenues et que la production devra être maximale en . Cela veut dire, au-delà des licenciements eux-mêmes,  que ceux qui resteront devront faire le même travail, voire plus, en étant bien moins nombreux. Cela semble  tout simplement infaisable . En outre il deviendrait quasiment impossible de poser ses congés ou de remplacer les malades. C'est pourquoi, la direction veut aussi revenir sur le nombre de jours de RTT.

     Bref, ce serait une détérioration grave des conditions de travail pour tous ceux qui échapperaient aux licenciements. Ce qui a encore plus choqué, c'est que la direction refuse toute mesure d'âge : ce sont donc les plus jeunes et les plus récemment embauchés qui seraient touchés alors que des anciens souhaitent partir de l'usine à des conditions acceptables. Les seuls reclassements proposés sont... dans d'autres pays européens. C'est dire qu'ils sont bidons.

     Cela signifie que plusieurs dizaines de travailleurs risquent de se retrouver au chômage.C'est une catastrophe quand on sait que Toray est une des grandes entreprises du secteur et que d'autres usines des cantons voisins licencient également. Du coup une centaine de travailleurs des ateliers a tenu à se rassembler le 18 février lors du premier Comité d'entreprise extraordinaire. Deux autres rassemblements ont eu lieu le 25 et le 27 février lors des longues séances de discussions dans lesquelles la direction noie le poisson mais ne recule sur rien. Ceux qui se rassemblent sont bien convaincus que ces licenciements sont scandaleux, que le groupe Toray est suffisamment riche pour maintenir tous les emplois, d'autant qu'il vient d'investir 64 millions d'euros dans une filiale du sud-Ouest.

     Un certain nombre de ces travailleurs pensent également que seul un rapport de force et la grève peuvent faire reculer la direction. Cette minorité est déterminée à entraîner d'autres travailleurs qui sont pour l'instant abattus par cette véritable déclaration de guerre. La peur peut changer de camp et les travailleurs peuvent faire reculer la direction, sinon sur les licenciements, au moins sur les conditions et le nombre de salariés qu'elle jette à la rue.

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